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En 1976, Michel Etevenon, homme de spectacle passionné de voile lance l'idée d'organiser une course transatlantique en solitaire d’organisation française, la Route du Rhum, concurrente de la Transat anglaise qui décline. Elle partira de Saint-Malo et suivra l’itinéraire emprunté, à partir du milieu du XVIIe siècle, par les navires négriers qui emmenaient les esclaves aux Antilles. Cette course qui s’annonce comme un événement médiatique majeur renouvelle les standards de la course à la voile.
Fatale Route du Rhum
Deux ans plus tard, le 5 novembre 1978, Alain Colas prend le départ, sur son «vieux» Manureva, à Saint-Malo, de la première édition de la Route du Rhum. Quand il lance son dernier message, après dix jours de course, il est en tête et peut logiquement espérer l’emporter puisqu’il bénéficiera désormais, jusqu’à l’arrivée à Pointe-à-Pitre, de vents portants qui favoriseront son trimaran par rapport aux monocoques qui le talonne.
La tempête qui se déchaîne les jours suivants a pourtant raison de ce marin d’exception qui disparaît mystérieusement à l’âge de 35 ans. Le 15 novembre, Alain Colas regrettait une fois encore que les liaisons radio entre tous les skippers ne fonctionnent pas mieux : «nous sommes tous solidaires quand le temps est dur et la radio est la cordée qui unit les hommes....»
Après l’ultime appel du 16 novembre, la radio de Manureva reste définitivement muette. A-t-il été heurté par un cargo ou éperonné par un orque ? A-t-il été disloqué par un phénomène météorologique imprévisible ? Les hypothèses les plus folles sont avancées...
Quand Alain Colas disparaît en mer ce n’est pas pour s’isoler sur une île déserte comme on l’a envisagé, mais en allant, une fois encore, à l’image de toute sa vie, jusqu’au bout de son rêve.
Quelques mois plus tard, «Manureva», la chanson la plus célèbre d’Alain Chamfort envahit les ondes et ne cesse, depuis, de rendre hommage à son dernier voyage. Une légende ne meurt jamais...
Episode 5
UN JOUR MANUREVA...
Le dernier voyage
Dans le cinquième épisode de l'émission "Un Jour Manureva..." découvrez le témoignage de Jean-François Colas sur la Route du Rhum 1978.
Le Morvandiau flottant
Les marins bretons, stupéfaits qu'un navigateur puisse venir d'une autre contrée que la leur, avaient surnommé Alain Colas "le morvandiau flottant". Ils ignoraient sans doute qu'Alain, fils d'un faïencier réputé, était natif de Clamecy et que de la fenêtre de la maison familiale, dans les faubourgs de Bethléem, quartier d'où partaient les trains de bois qui ont chauffé Paris pendant 4 siècles, il aimait à regarder couler l'Yonne, imaginant sûrement, à l'autre bout du cycle de l'eau, la Seine, la mer, l'océan, des horizons lointains, des vagues gigantesques et des aventures périlleuses.C'est de ce rêve-là, en terre de Bourgogne, mêlé aux exploits d'un grand-père aventurier racontés par sa mère et à la lecture de Saint-Exupéry que découle l'histoire du plus grand navigateur nivernais, enfant du pays du flottage, des pertuis et des compagnons de rivière.
Photo de Jo Gauthier prise à Saint-Malo en 1973, au départ du Tour du Monde par les trois caps.
C'est, comme souvent, à sa genèse et dans son terroir originel que l'on trouve les clés du personnage Alain Colas, créateur du club de canoë-kayak local et qui restera toujours attaché à "son" Clamecy et à sa famille. Cʼest sur lʼYonne quʼAlain prend pour la première fois contact avec la navigation. Habitué dʼun plongeoir à trois niveaux surplombant la rivière où il adore faire le saut de lʼange, il constate un jour que la Mairie a décidé de lʼenlever, sʼinsurge et lance comme un défi au Maire quʼil va créer un club de canoë-kayak. Nous sommes en 1963. A 19 ans, Alain Colas nʼa aucune idée de la manière dont on fabrique une embarcation. Il trouve, à Nevers, une société de fabrication de bateaux, et, en sʼappuyant sur une soif de savoir qui ne lui fera jamais défaut, il apprend, étudie puis construit avec ses copains les canoës du club. Une expérience qui nourrira ses constructions futures et prouve déjà son talent dʼorganisateur et sa capacité à aller au bout de ses idées avec une minutie et une ténacité probablement héritée des gestes sûrs et précis des maîtres faïenciers qui ont bercé son enfance. Le tout sur fond de soif de compétition basée sur une devise claire : «démarrer à fond, accélérer tout au long et finir au sprint».
Aujourd'hui encore, dans le haut-nivernais, parler d'Alain Colas génère le respect, l'admiration mais aussi le regret qu'il ne lui soit pas rendu hommage à la hauteur de son oeuvre et de sa personnalité. Nul n'est prophète au pays de Nevers qui a pourtant donné à son Lycée de la Communication le nom d'Alain Colas.
Cette partie du site www.ericleseney.com dédié à Alain Colas a été créé et écrit par Eric Le Seney et mis en page par Stéphanie Wulle.
Textes et vidéos ©Eric Le Seney Sewels production Photos Alain Colas et archives vidéos ©Famille Colas Film "Alain Colas, rêves d'océan" a été coproduit par injam Productions et l'INA
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